Vous connaissez bien la sensation des papillons dans le ventre lorsque nous nous apprêtons à dire au revoir à nos enfants lors de leur première journée d’école. Ouf! Nous sommes fiers, heureux, mais aussi inquiets, nerveux à les voir revenir tristes le soir venu et de nous dire que ça n’a pas été comme on le leur avait promis. Nous tentons de les préparer, de nous préparer aussi, nous essayons de les pousser vers le haut afin qu’ils deviennent grands pour affronter la grande vie. Mais certaines choses nous échappent…
Voilà que Alexia commencera l’école cette année avec un sac de rechange dans son grand sac de grande fille. Un sac pour les « accidents », comme nous l’appelons. Sans trop insister sur le fait que des accidents ne devraient pas en théorie être quotidiens…
Pourtant, tout est parfait chez elle, elle a marché dans les temps, elle parle plus qu’espéré (!), elle est grande, elle sait écrire son nom et lire quelques phrases même! Qu’est-ce qui cloche chez elle?
En fait, rien ne cloche… Elle fait partie du 10 % des enfants présentant ces symptômes à l’âge de 5 ans. Mais comprenons ce qui se passe pour l’aider un peu.
Aussi loin que dans la vie intra-utérine, le bébé accumulera de l’urine qu’il rejettera par ses voies naturelles dans son liquide amniotique. Mais déjà, à cet âge, le cycle de la miction commencera à s’installer. Le bébé urinera seulement lorsqu’il est éveillé, mais à une fréquence très élevée de 30 urines par 24 heures.
Heureusement, cela diminuera grandement à l’âge de 1 an pour se stabiliser à 8-10 urines par jour, dû à l’augmentation du volume de la vessie (3-4 fois plus grande qu’à la naissance). Même à ce jeune âge, la miction est consciente et survient en majorité durant le jour. Même si, jusqu’ici, l’enfant est toujours aux couches et mouille sa couche la nuit, il est démontré que lors de la miction, l’enfant bouge, se réveille, pleure et se rendort après avoir uriné. Son sommeil sera donc altéré par le signal de l’envie, bien qu’il ne soit pas encore en mesure d’y faire face.
Dans le jeune âge, les petites filles et les petits garçons ont une pression très forte provenant de la vessie. Si vous avez déjà ressenti une envie urgente d’uriner avec la difficulté de vous rendre à la toilette, vous comprendrez un peu mieux ce qu’ils vivent alors!
Puis vers l’âge de 3 ans, cette pression diminue et deviendra plus contrôlable… ce qui rime avec l’acquisition de la propreté chez plusieurs enfants. Le réservoir d’urine (la vessie) augmentera de volume chaque année d’environ 30 ml, ce qui permettra à l’enfant de progressivement « faire ses nuits » et ne pas aller faire pipi aux heures! Cela rendra aussi les voyages en voiture plus conviviaux. Mais attention, cette capacité augmentera jusqu’à 12 ans pour atteindre une capacité de plus de 300 ml. La fin est encore loin!
Vers l’âge de 3-4 ans, la perception de l’envie est mieux installée et l’enfant a la possibilité de retarder l’envie et est avisé de l’envie lors du remplissage de la vessie : il peut donc choisir d’aller uriner avant que la vessie ne déborde. Cette acquisition est liée directement à l’entraînement à la toilette et à la valorisation sociale de la propreté.
Il y a bien certainement la propreté de jour et celle de nuit, et nombre d’enfants n’atteindront pas cette propreté aussi facilement :
- Environ 11% des enfants entre 5 et 10 ans mouillent leur lit, 3,5% des enfants de 10-12 ans et 1,3% des enfants de 16 ans;
- 15% de ces enfants récupéreront chaque année entre 7 et 11 ans et 11% des enfants chaque année entre 12-16 ans;
- Généralement, les enfants propres le jour deviendront propres la nuit entre 4 et 5 ans.
Les causes expliquant les retards d’acquisition de la propreté sont très nombreuses, allant de la simple immaturité du système urinaire à une mauvaise gestion des liquides, à un manque d’hydratation, à une surhydratation, à des facteurs de stress élevé, à des traumatismes, à des anomalies physiques ou neurologiques et à la présence de constipation.
Mais chez les jeunes filles propres de nuit et qui continuent à avoir un sous-vêtement sentant l’odeur d’urine, il faut s’assurer que la position à la toilette favorise l’élimination complète de l’urine dans la vessie et entre les petites lèvres. Oui, aussi simple que cela! Les toilettes d’école et les toilettes d’adulte (parce que les enfants de cet âge refusent de s’assoir sur un banc de bébé!!!), sont très larges et les fesses des petites filles descendent bas dans le bol de toilette ramenant leurs jambes et leurs cuisses tournées vers l’intérieur. Cette mauvaise position laisse un petit volume d’urine dans la vessie et amène la perte de quelques gouttes quand la jeune fille se relève de la toilette, en gardant en plus de l’urine emprisonnée entre les petites lèvres. Non, elles n’ont pas d’accident en jouant, mais quel désagrément de penser que ses ami(e)s peuvent remarquer l’odeur de l’urine lorsqu’ils se trouvent près d’elle…
Pas d’inquiétude, quelques petites séances de coaching de la propreté et ce sera une histoire du passé!
Marie-Ève Prince, Pht en rééducation périnéale