Il est toujours d’actualité de revenir sur les grands principes qui sous-tendent la physiothérapie en rééducation pelvi-périnéale, car certaines fausses croyances sont véhiculées et elles méritent d’être adressées! Commençons donc par les croyances les plus courantes et voyons ce que nous en pensons.

Il est toujours d’actualité de revenir sur les grands principes qui sous-tendent la physiothérapie en rééducation pelvi-périnéale, car certaines fausses croyances sont véhiculées et elles méritent d’être adressées! Commençons donc par les croyances les plus courantes et voyons ce que nous en pensons.

  1. La rééducation périnéale est uniquement destinée aux femmes en post-accouchement. Il y a effectivement une grande partie de la clientèle qui consulte en rééducation pelvi-périnéale qui est des femmes ayant accouché récemment. Mais bien que ces femmes fassent partie de la clientèle traitée en rééducation périnéale, elles ne sont pas les seules. Les hommes, les enfants et les femmes n’ayant jamais accouché peuvent bénéficier de cette approche. En effet, peu importe votre âge, votre poids, votre force de départ, vos symptômes et leur intensité, il est toujours conseillé de commencer votre thérapie.
  2. Les exercices de Kegel, je les connais, pas nécessaire de consulter. Comme physiothérapeute ayant développé une expertise en rééducation périnéale à travers une formation universitaire, ayant acquis plusieurs formations spécialisées et ayant plusieurs années de pratique, il est toujours décevant pour moi de faire face à cette croyance voulant que la rééducation pelvi-périnéale ne se limite qu’aux exercices de Kegel. Croyez-moi, si c’était si simple, la prise en charge personnalisée ne serait pas à envisager. Malheureusement, les problématiques urinaires, gynécologiques, ano-rectales et sexologiques sont vraiment plus complexes. Il faut comprendre que plusieurs causes peuvent mener au développement des atteintes et que dans tous les cas, il s’agit du mauvais fonctionnement d’un système et non simplement d’une faiblesse musculaire. Nous aurons affaire à des structures souvent trop tendues, manquant de contrôle, de souplesse et présentant une asymétrie et ces dysfonctions devront être travaillées autrement que par des exercices de Kegel pour résoudre le problème.
  3. Est-ce que c’est vraiment nécessaire de faire un examen interne? Vous savez, je comprends très bien votre inconfort devant cet examen intime qui nous rend vulnérables lorsque nous y sommes confrontés. Par contre, cet examen révèle beaucoup d’informations auxquelles nous n’avons pas ou difficilement accès par un examen externe. Pour vous rassurer, il est souvent très apprécié par les gens qui consultent qu’enfin quelqu’un prenne le temps d’évaluer en détail cette zone qui est souvent le point de départ de plusieurs symptômes. L’examen est très souvent révélateur de symptômes mal identifiés depuis longtemps. Soyez assuré que les physiothérapeutes qui exercent cette profession sont formés, expérimentés et très professionnels.
  4. Mon médecin m’a dit que tout était normal, donc ça ne vaut pas la peine de chercher plus loin. Le fait qu’il n’y ait rien d’anormal d’un point de vue médical est rassurant. Par contre, cela n’exclut pas qu’il puisse y avoir des dysfonctions musculosquelettiques sans qu’il y ait pour autant d’anomalie. Un muscle peut paraître sain à l’examen physique interne de base, mais l’examen minutieux révèlera souvent des atteintes qui ont échappé à ce premier survol physique. Lorsque les structures sont en cause dans le développement des symptômes dont vous souffrez, il s’agit d’atteintes pouvant échapper à un examen de routine.
  5. Je n’ai pas de symptômes, c’est inutile de faire quoi que ce soit. C’est effectivement ce que l’on souhaite tous, ne souffrir d’aucun symptôme! Cependant, les études nous démontrent que pas seulement l’âge nous réserve de mauvaises surprises quant à l’apparition de symptômes. Plusieurs facteurs de risques peuvent aussi s’additionner et augmenter considérablement les risques de souffrir d’une atteinte dans le futur. Cela étant dit, la vie en soi regorge de situations amenant le plancher pelvien à développer des faiblesses et des dysfonctions telles que la constipation, les grossesses, les accouchements, la prise de poids, le travail physique, la sédentarité, l’activité physique, la toux, les positions assises ou debout prolongées, la prise de médication, les changements hormonaux, l’hérédité, etc. Nécessairement, la prévention devrait prendre une place importante pour tous et toutes. Il est tellement plus simple d’intervenir avant même que les symptômes ne se pointent à l’horizon.
  6. Il y a trop longtemps que je présente mes symptômes, il n’y a plus rien à faire. J’aurais le goût de vous répondre que nous voyons tous les jours des femmes et des hommes présentant des atteintes telles que des douleurs, de l’incontinence ou des descentes d’organe de très longue date qui sont si reconnaissants de l’effet qu’ont eu les traitements chez eux. Il n’y a pas d’âge ni de temps précis pour intervenir. Bien que le plus rapidement soit le mieux afin d’éviter toute dégradation, toute problématique mérite d’être abordée et nous saurons vous guider vers les spécialistes ou les interventions à favoriser si nous constatons que cela est nécessaire. Faites-vous confiance, vous avez encore beaucoup à gagner!

J’ai déjà consulté d’autres spécialistes qui font ce type de traitement. Soyez prudent dans la manière dont les différents intervenants exposent leurs thérapies. La rééducation périnéale doit se faire dans le cadre de séances individuelles supervisées afin d’obtenir l’efficacité que nous lui accordons dans la littérature scientifique. Renforcer le plancher pelvien ne peut se faire sans évaluation interne et surtout pas en groupe d’exercices sans supervision et sans avoir pris le temps d’identifier la cause des problèmes. C’est un peu comme traiter tous les maux de dos avec les 3 mêmes exercices… lorsque cela semble trop facile, questionnez-vous, chaque sujet est différent et doit être considéré dans son ensemble.

Je vous encourage donc à parler de ce que vous vivez, à consulter les professionnels dans le domaine et à dépasser cette gêne, cette hésitation qui vous limite et à aller chercher l’aide dont vous avez besoin afin de retrouver votre bien-être au quotidien.

Nous pouvons vous aider!

Marie-Ève Prince, Pht au Centre d’expertise Cigonia

Crédit photo: topsante.com