La sclérodermie est une condition auto-immune qui affecte les tissus conjonctifs. 20 personnes sur 100 000 en souffrent et la majorité d’entre elles sont des femmes. Les trois principaux symptômes sont une fibrose (durcissement) de la peau qui nuit aux mouvements et cause le visage « gelé », le syndrome de Raynaud (qui rend les doigts, les orteils et les oreilles blancs, puis bleutés et finalement rougeâtres lors d’émotions fortes ou de froid) et les problématiques gastro-intestinales telles reflux gastro-œsophagiens, brûlements d’estomac et difficulté à avaler.
La sclérodermie entraîne aussi des symptômes dont on ne parle que très peu. En effet, l’incontinence urinaire, l’incontinence fécale, la constipation, les douleurs aux relations sexuelles chez la femme et la dysfonction érectile chez l’homme en sont de bons exemples.
L’incontinence urinaire est présente chez 49% des femmes et 15% des hommes atteints de sclérodermie. L’incontinence urinaire d’urgence est la plus retrouvée (85% des cas), car la fibrose de la vessie entraîne une diminution de son élasticité, causant des envies soudaines et pressantes, rendant difficile, voire impossible, la retenue. L’incontinence urinaire d’effort est aussi retrouvée, puisque du tissu conjonctif se forme dans le plancher pelvien, l’affaiblissant et nuisant à la fermeture étanche de l’urètre.
L’incontinence fécale touche 39% des femmes atteintes de sclérodermie. Comme dans le cas de la vessie, le rectum se fibrose et perd ainsi de son volume. À cela s’ajoute une augmentation de la sensibilité rectale chez 71% des cas, résultant en des envies défécatoires soudaines et pressantes. Une faiblesse du sphincter anal est également trouvée chez 47% des gens, rendant la fermeture de l’anus plus difficile. À l’opposé, la constipation est également fréquente (53% des cas) et est causée par une diminution de la motilité de l’intestin.
Au niveau sexuel, la sclérodermie fait également des ravages : la fibrose de la muqueuse vaginale, la diminution de la lubrification (associée au syndrome de Sjögren) et la présence de fissures vaginales sont les principales causes de douleurs lors de la pénétration vaginale. Chez l’homme, jusqu’à 88% souffrent de dysfonction érectile. L’incapacité d’atteindre ou de maintenir une érection suffisamment rigide pour permettre la pénétration serait causée par le phénomène de Raynaud, localisé au pénis. En fait, le rétrécissement des vaisseaux sanguins du pénis menace l’apport de sang, ce qui crée une fibrose des corps caverneux. Ainsi, le pénis ne reçoit pas suffisamment de sang et ses corps caverneux ne se dilatent plus. Il y a donc trouble de l’érection.
La physiothérapie périnéale s’avère être une solution de choix dans le traitement de ces problématiques. Le renforcement des muscles du plancher pelvien aide à retrouver les continences urinaire et anale, l’enseignement des techniques de poussée, du bon positionnement à la toilette et les conseils sur les diètes alimentaires et liquidiennes aident à contrôler la constipation. L’assouplissement de la muqueuse vaginale, le traitement des cicatrices et les conseils relativement aux relations sexuelles permettent la reprise d’une sexualité plus satisfaisante. Finalement, l’entraînement du plancher pelvien active la circulation sanguine dans la région pelvienne, pouvant ainsi améliorer la dysfonction érectile. Dans les cas plus sévères, l’enseignement des injections intracaverneuses de médication sera réalisé.
Informations tirées de la conférence « Le traitement des atteintes périnéales en physiothérapie chez les gens atteints de sclérodermie » qui fut présentée par Olivia Dubois, physiothérapeute au centre Cigonia, le 17 septembre 2016 lors de la Conférence nationale bilingue sur la sclérodermie qui s’est tenue à l’Hôtel Bonaventure de Montréal.