Bien que d’entrevoir l’arrêt des menstruations soit positif au premier regard, vous constatez rapidement qu’il y a un fort prix à payer…

La ménopause se définit d’abord par l’arrêt complet des menstruations pendant 12 mois consécutifs. Elle constitue une étape déterminante, car maintenant les femmes passent près de la moitié de leur vie en post-ménopause. Ce grand changement survient vers l’âge de 51 ans en moyenne et la période entourant la ménopause dure de 4 à 14 ans.
Le diagnostic est posé soit par observations cliniques ou par une prise de sang qui évalue s’il y a diminution de la quantité d’estradiol 17-bêta et de FSH (hormone produite par la glande hypophyse qui stimule les ovaires produisant les hormones féminines).

Courte est la période de réjouissance, car pour plusieurs les premiers symptômes se font sentir bien vite…

Les signes et symptômes sont répertoriés en deux grandes catégories : d’ordre cérébral et d’ordre physique. Les symptômes retrouvés dans la première catégorie sont l’irritabilité, le désordre émotionnel, l’anxiété, les troubles de la concentration et les troubles de mémoire. Un retour du fameux SPM (syndrome prémenstruel amenant un changement de l’humeur avant les menstruations)! Les symptômes d’ordre physique incluent la fatigue, les bouffées de chaleur, les troubles du sommeil, le manque d’énergie, les douleurs musculaires et articulaires, les palpitations cardiaques, la hausse de la pression artérielle, l’accélération de la perte osseuse, les sueurs nocturnes, la baisse de la libido, les prolapsus par le relâchement des tissus, la sécheresse vaginale et l’atrophie vaginale. Ouf! Il s’agit ici d’une liste exhaustive, mais bien réelle malheureusement!

C’est avec l’apparition de ces symptômes que vous vivez vos premiers regrets d’une période menstruelle révolue.

Il faut noter que 15% des femmes n’auront aucun symptôme associé à leur ménopause, 15% les auront presque tous et les 70% restant auront des symptômes variables.
Afin de contrôler les symptômes de la ménopause, il est recommandé de faire de l’activité physique régulièrement et de maintenir une bonne alimentation, c’est-à-dire de diminuer les stimulants tels que thé, café, alcool et menthe. Finalement, l’hormonothérapie de remplacement peut également aider, mais nécessite une évaluation de votre condition médicale afin d’opter pour le bon traitement.

Pour expliquer les effets de la ménopause sur le système sexuel féminin, voici le cycle de vie du vagin (étrange, mais bel et bien vrai!):

De la naissance à 12 ans : À la naissance, l’ouverture vaginale est bien visible. La muqueuse vaginale est riche en glycogène (sucre). La nouveau-née est sous l’effet des œstrogènes maternels résiduels. Quatre semaines après la naissance, la muqueuse vaginale perd son glycogène et devient plus mince.

La puberté de 12 ans à 20 ans : Deux ans avant les premières menstruations, la muqueuse vaginale s’épaissit et la production du glycogène commence. Le vagin augmente en taille, les culs-de-sac vaginaux se développent (le fond du vagin de chaque côté du col de l’utérus) et les sécrétions vaginales sont produites.

La période de procréation de 20 à 45 ans : Les changements vaginaux sont causés par le cycle menstruel et la grossesse. C’est le moment où la muqueuse vaginale est la plus épaisse et contient le plus de glycogène. Durant la grossesse, la muqueuse vaginale devient violacée à cause de l’augmentation du volume sanguin total. Le tissu conjonctif du vagin se relâche en prévision de l’accouchement.

À l’accouchement, les fibres musculaires se distendent pour laisser passer le bébé. De 6 à 12 semaines après, la morphologie et les dimensions vaginales sont rétablies chez la majeure partie des femmes.

Préménopause et ménopause (45 ans et plus) : L’atrophie vaginale s’installe à la suite de l’arrêt de production de l’œstrogène. Les sécrétions vaginales diminuent, réduisant la lubrification et augmentant l’inconfort aux relations sexuelles. Le tissu aminci est plus facilement irrité et devient plus vulnérable aux infections. Chez les femmes n’ayant plus de pénétration vaginale, le tissu vaginal se fibrose, refermant tranquillement l’accès. Il s’agit d’une constatation surprenante, mais un organe qui a moins d’utilité (reproduction, sexualité) s’atrophiera devant l’absence d’hormones.

Parce que les impacts sexuels de la ménopause existent, regardons-les plus en détail :

  • Une baisse du désir sexuel, des rêves érotiques et des fantaisies sexuelles chez 50% des femmes due à la baisse de la testostérone (hormone mâle présente chez la femme et liée probablement au désir sexuel).
  • Une diminution de la lubrification vaginale chez 20 à 45% des femmes due à la baisse d’hormone n’ayant plus d’ovaires actifs qui produisent les hormones femelles, la concentration chute drastiquement. Cette baisse affecte la lubrification en diminuant le nombre de vaisseaux sanguins secondaires et l’épaisseur de la muqueuse vaginale.
  • Une douleur lors des relations sexuelles chez 2 à 14% des femmes, notamment à cause de la baisse d’œstrogène qui diminue la lubrification vaginale. Certaines femmes développeront une vestibulodynie (douleur à l’entrée de la vulve) secondaire aux changements hormonaux. Les symptômes sont une douleur de type brûlure ou coupure à l’entrée vaginale et une douleur lors de la pénétration.
  • Une diminution de l’atteinte de l’orgasme chez 10% des femmes, car la baisse de testostérone entraîne une diminution de la sensibilité du clitoris et des seins.
  • Une atteinte de l’identité sexuelle possible, car l’arrêt des menstruations entraîne un deuil de la capacité de procréation. La femme peut donc se sentir moins désirable sexuellement.

 

Mais à cela, des solutions existent pour apaiser :

La physiothérapie en rééducation périnéale
Chez les femmes qui présentent de l’atrophie vaginale ou des douleurs sexuelles, les étirements vaginaux peuvent aider à entretenir et à améliorer la souplesse des tissus. Dans les cas de vestibulodynie secondaire, des techniques de désensibilisation de la muqueuse aident à réduire la douleur et à retrouver une vie sexuelle satisfaisante. Les exercices de contraction du plancher pelvien faits fréquemment permettent d’augmenter la circulation sanguine dans la région génitale et des muscles plus forts améliorent l’érection du clitoris. Enfin, votre physiothérapeute pourra discuter avec vous des différents produits lubrifiants ou hydratants vaginaux offerts en vente libre pour réduire les inconforts associés à la sécheresse vaginale. Une collaboration entre les physiothérapeutes et les pharmaciens vous assure une meilleure prise en charge concernant les produits vaginaux offerts en vente libre.

La sexologie
Les rencontres en sexologie peuvent ouvrir la porte à l’acceptation et au travail sur l’intimité et sur le désir sexuel qui n’a pas d’âge. Devant de si gros changements, pas étonnant d’avoir besoin de recadrer nos besoins et nos limites!

L’hormonothérapie de remplacement
Un terrain glissant l’hormonothérapie… Il divise les femmes entre celles qui y adhèrent sans aucun doute et celles qui s’en tiennent loin. La panique mondiale (parce qu’elle a bien existé) a été causée par l’étude de WHI qui fut interrompue subitement en juillet 2002, car un danger important de cancer du sein a été détecté. Les conclusions de cette étude :

Cancer du sein :
Après 4 ans d’hormonothérapie, plus de cancers du sein ont été détectés dans le groupe de femmes prenant les hormones que dans le groupe placebo. Le résultat erroné de l’étude (car il donne lieu à une mauvaise interprétation): 26% d’augmentation du risque de cancer du sein avec les hormones. Dans les faits, dans le groupe placebo, 30 femmes sur 10 000 ont développé un cancer du sein. Dans le groupe d’hormonothérapie, 38 femmes sur 10 000 l’ont développé. Ceci donne donc une différence de 26% entre 38 et 30 femmes sur 10 000. En vrai, 8 femmes sur 10 000 vont développer le cancer du sein avec l’hormonothérapie vs sans hormone et non pas 26% des femmes qui prennent des hormones développeront le cancer du sein. La VÉRITABLE conclusion est que l’hormonothérapie augmente le risque du cancer du sein de 0,08%. De plus, aucune évidence ne démontre que l’hormonothérapie augmente les risques de mourir d’un cancer du sein.

Voici quelques chiffres :
Cancer du côlon : l’hormonothérapie diminue les risques de cancer du côlon de 0,06%.
Ostéoporose : l’hormonothérapie entraîne une protection osseuse et une réduction des fractures ostéoporotiques.
Autres symptômes : l’hormonothérapie soulage efficacement les symptômes vasomoteurs et l’atrophie vaginale.
Mortalité : 52 femmes sur 10 000 sont décédées dans le groupe d’hormonothérapie comparativement à 53 femmes sur 10 000 dans le groupe placebo.

Soyez assuré que nous ne faisons pas le procès des hormones et que la prise ou non s’avère une décision sur laquelle chacune des femmes aura à se positionner un jour ou l’autre. La décision est rarement prise pour longtemps, car souvent les femmes la remettent en question. Vous revisiterez alors la base du raisonnement vous ayant incitée à prendre votre décision. Ne vous jugez pas trop fortement, doucement ce choix fera sa place par lui-même! D’ici là, plusieurs des symptômes que vous vivez peuvent être soulagés et c’est avec plaisir que nous vous aiderons!